Interdisciplinarité

La visée d'un "humanisme intégral"

Gilbert Gadoffre n’aura cessé de dire combien l’humanisme traditionnel était inadapté aux conditions de notre temps, parce que trop « exclusivement littéraire ». A ses yeux, il fallait bâtir un « humanisme nouveau », apte intégrer toutes les disciplines scientifiques modernes. En septembre 1948, un congrès sur les sciences sociales s’y employa à Royaumont : la sociologie, la psychologie sociale, l’ethnologie, les sciences économiques, les statistiques et l’histoire culturelle purent ainsi communier, peut-être, pour la première fois. Ensuite, grâce à la complicité d’André Lichnérowicz, Gilbert Gadoffre put s’atteler au début des années 50 aux « Humanités scientifiques ». Un dialogue des deux cultures était amorcé : il déboucha en 1969 sur le colloque de Saclay, consacré à la notion de structure et qui réunit des invités venus de tous les horizons du savoir humain. En octobre 1969, le « séminaire interdisciplinaire du Collège de France », pérenniserait cette ambition, sous la houlette d’André Lichnérowicz, François Perroux et Gilbert Gadoffre. Depuis lors et jusqu’en 1998, on y discuta du glissement de sens des concepts quand ils passent d’une discipline à l’autre : les concepts de structure, régulation, analogie, communication-information, projet-programme-programmation, vérité scientifique, ambigüité, hasard et probabilités, furent successivement envisagés. La distinction pascalienne entre « l’ordre de l’esprit » et « l’ordre du cœur » se trouva ainsi atténuée. En 1992, le dernier colloque de Loches, consacré à « l’Acte créateur », constitua en ce sens une sorte d’apothéose.