Vers le style du XXe siècle

L'exigence du style et du cadre de vie

À la Libération, Gilbert Gadoffre contribua activement au débat sur l’orientation nouvelle qu’il fallait donner à la France. En 1945, avec ses compagnons du maquis, il publia Vers le style du XXe siècle, un ouvrage programmatique qu’Hubert Beuve-Méry désigna sous le qualificatif de la Somme. Réfléchir à la « cristallisation des élites nouvelles » en était l’enjeu essentiel. Hormis ses projets « d’universités nouvelles » et de « maisons de la culture », Gadoffre souhaitait la création d’un « Institut Collégial ». C’est sur cette base, que fut créé à l’abbaye de Royaumont, en 1947, l’Institut Collégial d’Études Françaises. Des Décades et des stages de formation y eurent lieu dont la richesse et la portée demeurent encore sous-estimées.

Dès 1953, Gilbert Gadoffre envisagea de créer une « Maison internationale » à Port-Royal- des-Champs, puis, en 1958, une « Université pilote » à Versailles, dépourvue de fonctionnaires et ouvertes aux savants du monde entier ! On le comprendra aisément : ancien élève du Lincoln College d’Oxford, Gilbert Gadoffre pensait le système universitaire anglo- saxon plus inventif et plus respectueux du meilleur de la tradition médiévale que le nôtre. En 1964, André Malraux lui permit de disposer à nouveau d’un « foyer de culture » : le Logis des Montains à Loches. Véritable académie platonicienne, ce lieu fut propice comme nul autre, peut-être, à l’otium studiosum de plusieurs générations d’universitaires et chercheurs.