Gilbert Gadoffre n’a cessé d’interroger la distinction entre culture et civilisation. Dans les années 30, les premiers articles qu’il publie dans La Vie intellectuelle portèrent sur la Chine : il s’y dessinait déjà une volonté d’individuation des civilisations qui ne le quitterait plus. Après-guerre, l’urgence fut avant tout à la reconstitution d’une République des lettres européennes afin d’interdire à jamais le retour de l’Europe sur les rivages de la barbarie. Les journées franco-allemandes et franco-italiennes de 1948, à Royaumont n’eurent pas d’autre objet. En 1949, l’UNESCO soutint les « Journées d’études de sciences sociales » consacrées à l’abbaye aux « Images nationales ». La modernité de l’approche surprend à la lecture des actes, publiés en 1951 : on y réfléchissait déjà à la question de l’image de l’autre, aux phénomènes d’invention de tradition, à la fabrication des images héroïques. Une fois désamorcées les images nationales, c’est aux Humanités européennes puis à la Culture européenne que ne cessera de se consacrer Gilbert Gadoffre. Ceci, afin d’autoriser un authentique dialogue avec les autres civilisations. En 1988, lors du plus beau colloque, peut-être, jamais organisé à Loches, Gilbert Gadoffre convoqua les « sagesses du Monde » afin d’en discuter les figures historiques, de l’Égypte antique au Japon contemporain en passant par l’Iran médiéval, afin d’affranchir l’humain –tant que possible- de la contingence des cultures.